Le film Justice League est sorti le 15 novembre. L’arrivée de la Justice League est un évènement en soit, car elle représente pas moins que le climax d’un projet, d’une vision, née avec Man of Steel, et confirmée 2 ans plus tard avec Batman v Superman. Afin de se préparer pour voir le film chorale évènement de cette fin d’année, je me suis décidé à visionner de nouveau Batman v Superman, d’où découle directement Justice League.

Batman v Superman était un film très attendu par les fans. Man of steel avait impressionné par son gigantisme et son approché adulte. Ses détracteurs diront qu’il était trop sombre et versait un peu trop facilement dans le destruction porn. Avec ce film, Snyder poursuivait sa réflexion sur l’acceptation d’un Dieu parmi les hommes, et surtout comment nous réagirions face à un tel évènement.

Une histoire solide et dense

Le film raconte les répercussions de l’invasion ratée de la Terre par l’escadron du Général Zod. Bruce Wayne est directement impacté par ce conflit. Il perd de nombreux salariés durant ce conflit malgré tous ses efforts pour les protéger. Sa colère contre superman grandit au point de devenir une obsession. Pendant ce temps, Superman apporte son aide à l’humanité, ne prêtant pas attention aux polémiques Batman n’est pas le seul à penser qu’il faut tuer l’homme d’acier. Lex Luthor, patron de la LexCorp, met tous les éléments en place, et manipule les 2 surhommes pour les monter l’un contre l’autre.

Pour cela, il n’hésitera pas à faire exploser le capitole durant l’audition de Superman, manipuler des témoins et les tuer, kidnapper la mère de Superman et faire chanter le fils de Krypton ! La version longue comporte un meilleure montage, ce qui donne une meilleure lisibilité des enjeux et du déroulement de l’histoire. L’un des climax de ce film est le combat tant attendu entre le Chevalier Noir, chauffé à blanc et manipulé par Lex depuis plusieurs mois, et Superman, forcé de commettre l’innombable. L’autre climax est bien sûr l’arrivée de Doomsday, dont le combat dantesque nécessitera lé réunion de la trinité DC pour en venir à bout.

L’un des problème de ce film est sa richesse. Le film comporte trop d’éléments à introduire pour préparer justement l’arrivée de Justice League. Snyder doit non seulement introduire le monde de Batman ( Alfred, Gotham, le Manoir, la Batcave) mais aussi Wonder-Woman, que l’on retrouvera pour un final gloubiboulbesque, qui nuit au véritable climax du film, la mort de superman. Malheureusement, cette mort ne donne pas au film l’élan épique qu’il recherchait.

Ben Affleck, parfait en Bruce Wayne/Batman

Batman played by Ben Affleck

On ne peut pas dire que Snyder ait ménagé sa peine pour construire un univers crédible et sombre autour de ses personnages. Son travail déjà entamé avec Man of steel se poursuit avec Batman. Ce film est aussi l’occasion pour Snyder de nous montrer comment le monde digère les évènement survenus dans Man of Steel. Ce côté adulte désabusé colle justement très bien au personnage de Batman, campé par Ben Affleck. Ironie de l’histoire, De nombreux fans ont crié leur désespoir à l’annonce de l’acteur dans le rôle. Et pourtant, Ben Affleck (surnommé Batfleck pour les intimes) devient Bruce Wayne dans le film.

Une des meilleures représentations qui soient . On sent l’expérience, le poids des années mais aussi la rage qui couve derrière le visage souriant de Bruce Wayne. Par ailleurs, l’acteur a vraiment bossé son physique pour donner une version quasi bestiale de Batman. Ces efforts payent notamment durant la scène de la prise en otage de Martha Kent. Batman se révèle stratégique et brutal dans le combat avec les mercenaires de Lex Luthor. Il faut aussi souligner l’interprétation tout en ironie de Jeremie Irons, parfait dans le rôle d’Alfred, majordome discret et efficace. Il joue auprès de Batman le rôle de conscience dans sa mission. Il est surtout un des rares à pouvoir s’opposer à Bruce quel que soit le sujet. Snyder souligne ce différend durant le film.

Un Superman tout en puissance

Le maître d’orchestre Zack Snyder voit Superman comme un Dieu parmi les hommes. Sa représentation toute en puissance et en retenue dans un monde divisé est très intéressante. Le rôle de Clark Kent va interroger les actions radicales de Batman à Gotham. Cette opposition que l’on nous a vendue comme dantesque, s’étend aussi sur le terrain idéologique. Le réalisateur pousse le fils de Krypton à se questionner sur son statut d’homme de demain, mais aussi sur ses limites en tant que héros. Snyder le démontre parfaitement avec l’ingérence dans un pays étranger pour sauver Loïs Lane en Afrique.

Wonder-Woman et Doomsday les surprises gâchées par le marketing

Wonder-Woman contre Doomsday

Wonder Woman prête au combat contre Doomsday

Les fans attendaient le retour de l’Amazone depuis longtemps. Snyder a cédé aux sirènes du fan service en introduisant Diana Prince. C’est du pur fan service. Wonder-Woman est bien introduite dans ce DCEU mais n’est là que pour annoncer la justice League. De même pour Doomsday, pour lequel Snyder l’a imaginée trop grand, trop puissant. En  même temps, il fallait un véritable adversaire pour résister à la trinité DC. Mais pour autant, l’approche « destruction porn » du final gâche un peu la fête. On ne ressent rien pour les personnages, les difficultés de leur combat et le sacrifice de Superman. Pour finir, les responsables marketing du studio Warner ont tout misé sur le spectaculaire en dévoilant les 2 grosses surprises du film.

Une direction artistique moderne et sombre

Snyder instille une dichotomie manifeste entre Gotham et Metropolis. Gotham, la ville sombre, corrompue, aux style gothiques appuyés. bref, sombre et stylisée, tout comme la batcave, totalement repensée depuis la franchise Nolan. Pour finir, la batmobile, véritable monstre des routes, est le bat-joyau que l’on aimerait voir plus longtemps dans le film. A contrario, Metropolis est quasiment filmée que de jour. Ce qui ne l’empêche pas de se retrouver acec un texture terne qui assombrit la ville.

Des incohérences dans l’histoire

Effectivement, le film comporte plusieurs incohérences  scénaristiques. La plupart peuvent s’expliquer par le montage du film pour sa sortie au cinéma qui rend incompréhensible le passage d’un lieu à un autre, le lien entre les différents évènements, surtout au début. Mais surtout, ce montage ne rend pas justice aux enjeux qui vont crescendo durant tout le film. Sur ce point, la version director’s cut rend justice au film et lui redonne du sens et de la consistance.

Après, on ne comprend toujours pas pourquoi au début du film, le responsable d’équipe de chez Wayne Enterprises, attend le coup de fil de son boss pour faire sortir ses employés alors que le combat entre Zod et Superman détruit l’immeuble.

Des moments épiques

En redécouvrant le film, je me suis rendu compte de l’énorme travail accompli par le réalisateur et son équipe malgré la pression d’un studio fébrile. Le film est saupoudré de plusieurs moments épiques, tel que l’introduction de Batman, la course poursuite avec la batmobile, le combat tant attendu entre les 2 justiciers, et surtout la scène du hangar, où l’on se dit que c’est LE Batman que les fans veulent. C’est aussi celui qu’ils méritent.

L’introduction de Batman est bien amenée. Considérée par beaucoup comme un démon à part entière, Batman joue sur cette légende urbaine pour lui faciliter le travail. L’idée d’une marque Batman est aussi le signe qu’il se considère comme juge et partie. Chose que Clark Kent ne se prive pas de souligner.

La course poursuite entre Batman et les mercenaires est un passage bien rythmé, bien découpé, à l’action lisible. La Batmobile montre sa toute puissance, et Batman son imagination pour arrêter ces derniers, quitte à les tuer au passage. La Batmobile détruit tout sur son passage jusqu’à être arrêtée par Superman.

Ce qui nous amène au combat entre les 2 héros. Snyder emprunte les design de l’oeuvre de Frank Miller, The Dark Knight returns, pour ce climax attendu. La préparation de Bruce Wayne pour le combat, son armure sont autant d’éléments que l’on apprécie dans le film. On se rend compte du travail physique de l’acteur lors de ces scènes.

La scène de l’entrepôt est juste l’un des grands moments de ce film. C’est lors de ce passage que Batman démontre en compagnie d’Alfred, tout son savoir stratégique et tactique. Il y démontre aussi ses aptitudes au combat. Un peu comme un démon s’attaquant à ses proies. Il se montre sans pitié face à ces mercenaires. Justement c’est ce que l’on recherche avec ce personnage. Un homme au bord d’une folie rageuse, toujours sur le bord de la falaise, et qui fait tout pour ne pas sombrer.

Le problématique Doomsday

Le combat final avec Doomsday avait tout pour devenir énorme, voire collector. Mais la surenchère globale de la séquence la rend sans âme. Le revanche, Wonder-Woman se montre guerrière et intrépide comme on s’y attend ! Elle vole quasiment la vedette aux autres héros. Il est dommage que les producteurs aient laissé fuiter dans une bande-annonce l’arrivée de Doomsday !! Par ailleurs, pourquoi l’avoir fait si grand. La taille des enjeux n’est pas proportionnelle à celle des ennemis dans les comics. Sinon, Lex Luthor devrait faire 10 mètres. Faire de Doomsday un monstre de plus de 5 mètres de haut était une erreur. A mon humble avis, il aurait mieux fallu qu’il soit plus petit, ( de la taille de Hilk) cela aurait suffi. Regardez le combat entre Hulk et Thor, il fonctionne et pourtant on n’est pas totalement dans le grand guignolesque ! Pour moi, c’est l’un des points noirs du film.

Les autres héros passent une tête

Le film permet aussi l’introduction de plusieurs héros bien connus des fans. Mais cette mini apparition tient plus du caméo que d’une réelle introduction. C’est vraiment dommage car au lieu de quelques minutes dans des vidéos de surveillance, on aurait pu imaginer une présentation plus conséquente au travers de la visite du laboratoire LecCorp par la sénatrice. Du coup, on n’a pas le temps de s’intéresser, ni de vibrer pour ces personnage, sauf lorsqu’on est déjà fan d’eux, ce qui réduit la base d’audience. Là, je parlerai plus de parti pris que de maladresse. Malheureusement, c’est une approche à laquelle je n’adhère pas. Ces personnages auraient mérité une introduction plus conséquente.

Conclusion?

Zack Snyder continue sur sa lancée et propose une réelle réflexion sur la condition de surhomme dans notre société contemporaine. Le film traite aussi des conséquences monumentales qu’a eu l’invasion ratée de Zod et comment nous les hommes ( et femmes) sommes prêts à digérer ces évènements. Certains sont optimistes et reconnaissants que Superman se soit battu pour nous protéger. Mais les paranoïaques, tel que Bruce et Lex, sont persuadés qu’il faut se préparer au pire. Et faire l’impensable pour assurer la sécurité du monde. En définitive, ce film comporte de gros moments épiques, de vrais questionnements philosophiques et sociétaux. Un film à voir, ne serait-ce que pour l’interprétation plus mâture du mythe du héros qu’il propose.