Dargaud et DC frappent fort juste avant les fêtes avec ce projet hybride. Jim Lee, Vice-Président de DC Comics est un des initiateurs du projet. Quelle chance pour l’artiste Enrico Marini! Officiant à la fois au scénario et au dessin, il nous présente une histoire de Batman que certains trouveront un peu convenue, mais qui est rattrapée avec brio par un style à la fois gothique et européen qui se fond très bien avec l’humeur noire du Chevalier noir, ainsi que son univers.
Un Batman transatlantique
Ce n’est pas tous les jours qu’un dessinateur reçoit carte blanche pour écrire et dessiner l’histoire qu’il veut sur un personnage ultra populaire et iconique. En effet,L’éditeur considère ses personnages comme ses bijoux de famille, dont Batman est un des joyaux de la couronne ! Sachant cela, le côté exceptionnel de ce projet n’en devient que plus évident.
Batman à la sauce Marini
Ce qui frappe de prime abord, c’est l’ambiance à la fois très familière et différente de ce que l’on connaît. De fait, La noirceur de la nuit est ici éclairée de plusieurs nuances de couleurs. Gotham est illuminée tout en gardant son aspect glauque. Les protagonistes de Batman ( et Bruce Wayne) sont réalistes. En ce sens,le meilleur exemple en est Killer Croc, d’habitude représente comme une masse de plus de 2 mètres. Ici, il est certes imposant mais humanisé. Pareil pour le Joker, qui gagne en sobriété dans le style Marini. Ses réactions teintées d’humour noire font toujours mouche. Il y a un petit côté terre à terre qui se dégage de ce projet. Marini livre sa version de Batman. Son oeuvre devient personnelle. Cette histoire touche à la fois Batman et Bruce Wayne.
Une histoire convenue mais enlevée
Tout commence avec un cambriolage commis par les équipes du Joker pour préparer l’anniversaire de la belle Harley Quinn. Batman s’interpose et les choses se compliquent. Parrallèlement à cela, une nouvelle personne entre dans la vie bien organisée de Bruce Wayne. C’est justement le moment que choisit le Joker pour s’amuser avec un kidnapping à sa sauce.
Marini délimite le terrain de jeu de Batman à sa Gotham. La part belle dans ce premier tome est donnée aux femmes. Que ce soit Catwoman, et surtout Harley, elles influencent l’intrigue par leur objectifs, et leur moitié respectives, par leur charme et leur caractère bien trempé. L’auteur s’émancipe de la relation à sens unique et masochiste entre le Joker et Harley pour équilibrer les pôles. L’auteur parvient à lier les 2 histoires pour n’en faire qu’une seule bien compliquée. Et c’est là justement où il y a débat. Pour ma part, je considère que cette histoire est haletante,urbaine, et donne envie de lire la suite. N’est-ce pas ce que l’on attend d’une bonne histoire, d’une bonne BD ( comic ou franco-belge) ?
Marini ne s’est pas appesanti sur Batman au point de le rendre omniprésent dans le récit. Au lieu de cela, il en profite pour donner de la voix à Bruce Wayne, mais aussi aux autres personnages, ce qui donne de l’amplitude au récit et développe les enjeux. Le découpage des scènes d’action fait penser au cinéma. On se prend à rêver de ce que pourrait donner une adaptation de cette histoire sur grand écran.
En définitive, Enrico Marini livre ici une oeuvre dont on attend la suite avec impatiente. Les passages convenus de l’histoire sont compensé par un style aérien, éclairé, dynamique, qui colle parfaitement à l’intrigue et l’univers où elle se déroule. Vivement 2018 !!