La sortie d’un film avengers est toujours un évènement en soi. Teasé de longs mois à l’avance dans les autres films, et dans la série Agents of SHIELD, le film de Joss Whedon se devait d’impressionner. Dès lors, on ne peut qu’imaginer la pression que peut avoir le papa de Buffy. L’histoire commence dans le pays imaginaire de la Sokovie, où notre équipe d’avengers infiltre une base du Baron Strucker, nouvelle tête pensante de l’Hydra. A cette occasion, Cap et ses collègues font la connaissance des jumeaux Maximoff, dont les pouvoirs leur ont été donnés grâce au sceptre de Loki.( Leur présence avait été suggérée dans une scène post-générique dans captain america : Le soldat de l’Hiver.) Cette fois, nous nous rendons compte que ces 2 « améliorés » ont les moyens de mettre l’équipe à mal. L’équipe parvient à récupérer le sceptre de Loki, que les Avengers semblaient chercher pendant une longue période. C’est en pénétrant dans le laboratoire de l’HYDRA que Tony Stark met la main sur les recherches de Strucker ainsi que sur le sceptre. Cette visite lui donne l’idée d’améliorer l’intelligence artificielle sur laquelle il travaille et qui pourra protéger la Terre de nouvelles incursions par des armées d’extra-terrestres. avec l’aide du Docteur Banner, il créée ULTRON, une intelligence artificielle censée protéger le monde des menaces exterieures. ULTRON prend conscience que la seule manière de préserver l’humanité est de la supprimer. BAM ! le méchant nouveau est arrivé !!  

La structure même de l’histoire est très compliquée à suivre. Plusieurs enjeux sont ici mêlés et se téléscopent durant tout le film. Le début du film reprend de manière fluide la trame de captain America Winter soldier afin de présenter non pas les enjeux majeurs de l’aventure mais les jumeaux Maximoff, wanda et Pietro, la sorcière Rouge et Vif-Argent, qui constitueront l’un des « piliers » de cette histoire. Tout d’abord opposés aux Avengers, ils deviendront des allié(e)s de poids dans ce conflit. La création d’ULTRON par le duo Stark-Banner, est l’occasion pour les spectateurs de voir les génies à l’oeuvre dans leur gigantesque tour de verre. Certains fans crieront au scandale ( je le sais j’en ai rencontré) quant à la paternité d’ULTRON. Si l’on s’en tient au Marvel cinematic Universe, que la création d’ULTRON soit due à Tony Stark, cela prend tout son sens. Il faut être en effet un peu arrogant et vouloir passer au dessus des autres pour imposer ses idées pour créer ULTRON. En ce sens, cela n’est pas vraiment surprenant. La structure même du récit se complexifie avec les premiers conflits et plus précisément les affrontements avec la Sorcière Rouge, qui parvient à manipuler puis briser l’équipe dans son ensemble. c’est ce moment qu’a choisi Joss Whedon pour introduire de nombreux éléments de la phase 3 qui seront développés notamment dans les prochains films. Dès lors, l’intrigue se disperse dangereusement et l’on perd parfois le fil de cette histoire. 

L’abondance des combats, bien que grandioses, ne permet pas d’en apprécier les gros morceaux tel que le combat entre le HulkBuster et un Hulk manipulé par la Sorcière rouge. L’abondance généreuse des conflits est à la fois une bonne et une mauvaise chose. Ces combats contentent les attentes des fans, mais va aussi atténuer l’impact et l’importance d’un affrontement dantesque qui se retrouve noyé dans la masse des autres. Le vibranium tient une place importante dans l’histoire et sa simple évocation ne fait que rendre encore plus tagible l’arrivée de la Panthère Noire que l’on espère flamboyante. L’autre « pilier » de ce récit est l’androïde Vision, dont la naissance fera apparaitre les premières dissensions entre Captain America et Iron-Man. Justement ces divergences ponctuent le film comme autant de rappels de l’arrivée prochaine du film Captain america: Civil War. L’affrontement final se résume à des moments de bravoure et des passages d’action dantesque qui devrait émerveiller tous les fans que nous sommes. Mais bizarrement, la sauce ne prend pas totalement. La menace d’ULTRON ressemble à un caprice qui peut s’apparentr à une facilité de scénario. Tout cela donne un ensemble très lourd à digérer, surtout avec tous les easter eggs disséminés ça et là dans tout le film. 

Joss Whedon a voulu travailler la profondeur des personnages, mais au regard du nombre de protagonistes, et de l’omniprésence des conflits, cette initiative se trouve limitée. Le traitement des personnages est inégalitaire. La Veuve Noire et Hawkeye bénéficient d’un traitement plus humain, plus introspectif. La découverte de la famille de Hawkeye, le passé de la Veuve Noire ajoutent de la densité aux personnages, les rendant plus complexes. 

Captain America et Iron-Man sont au centre d’un affrontement en devenir qui se radicalise tout au long du film . Whedon essaie d’apporter de l’épaisseur à personnages qui campent sur leurs positions. Captain America est une figure monolithique militaire et devient le prisme moral voire la boussole morale de son équipe. Iron-Man est le fer de lance de l’équipe qu’il emmène dans une direction dangereuse sans demander son avis. Thor et Hulk ne sont que des éléments naratifs servant à faire avancer l’histoire en fonction de l’intrigue fill rouge qui les mènera tout droit vers Inifinite wars. 

Les jumeaux Maximoff représentent à eux seuls toute l’ambivalence de la derniè re oeuvre de Whedon. Ils symbolisent à la fois l’espoir d’un spectacle de haut niveau et la déception de ne pas être passé loin de l’exploit. Le réalisateur tenait à introduire les jumeaux, ce qui est une bonne chose. en revanche, bien qu’ils soient au centre du récit et qu’ils ( surtout la sorcière rouge) représentent un challenge de taille pour léquipe, whedon se limite au strict minimum quant au développement des personnages. Vif-argent en est un très bon exemple. Ce dernier est nécessaire à l’évolution de l’intrigue mais son utilisation reste anecdotique. L’approche de la vitesse de Pietro dans le film est sujette à comparaison avec son double apparu dans le film X-Men days of future past, qui avait fait grande impression. Whedon n’est pas parvenu à nous impressionner avec la vitesse de ce dernier. 

La Vision est LE personnage qui marque les esprits. A la fois Candide et conscient de sa condition, il apporte de la nouveauté, de la fraicheur dans cet ensemble narratif dense et lourd, qui permet de passer à la suite. Paul Bettany joue l’androïde avec classe et un soupçon de rectitude qui nous fait croire que nous sommes en face de l’androïde. Il s’agit là de la réussite du film. 

Concernant la réalisation, Whedon n’a pas su transcender son style pour le faire évoluer et le magnifier. Hormis le très beau plan séquence du débiut du film, la réalisation se rapproche d’un style télévisuel où les gros plan des acteurs est presque plus important que l’intrigue elle-même. Les scènes de combat, qui constituent le coeur du film, manquent de lisibilité. Les plans larges, permettant de situer l’action se font rares malheureusement. Peut-être du fait de la pression des producteurs ( Kevin si tu nous lis), Whedon n’est as parvenu à imposer autant qu’il aurait été souhaitable sa patte sur le film. En définitive, bien que présentant des défauts qui alourdissent l’intrigue principale, Avengers Age of Ultron est juste un divertissement qui sert de passage de témoin pour aller vers la phase 3, qui, elle, comporte les véritables enjeux et challenges pour le Marvel Cinematic Universe, et Marvel Studios. 

Avengers Age of Ultron représente plus un passage obligé vers la phase 3 qu’une réelle cloture en apothéose de la phase 2. La profusion quasi exponentielle des protagonistes rend leur développement très difficile. Concernant la struture narrative du récit, elle est alourdie par les nombreuses sous-intrigues qui viennent ralentir le rythme du récit. Malgré ces écueils, ce film contentera pour partie les fans de l’écurie, qui seront en attente d’un redressement de la situation avec la sortie du prochain Captain america Civil War.