
Ah ! J’ai couru pour être dans les clous ! C’est déjà la fin janvier et je n’avais toujours rien trouvé à chroniquer pour Generation Strange. Et jusqu’au dernier moment, la panique me prenant à la gorge, j’ai eu peur de faillir à ma tache. Heureusement, Urban Comics, dans sa grande mansuétude, m’a fait grâce d’une petite merveille : Django Unchained, Mesdames, Messieurs, oui, le scénar du film éponyme de Quentin Tarantino magnifiquement adapté. Alors je les vois de là les ronchons habituels, au fond, là… « oui, mais on a vu le film, alors ça sert à rien… ». Que nenni. Quand c’est bon, on rechigne pas à se resservir. J’t’explique.

Pour ceux qui débarquent la fleur au fusil, sans avoir vu le film, sans connaître le pitch, je me dois de me fendre de quelques lignes. Quand même. Django Unchained est un Western. Mais pas un western avec des beaux gosses à brushing. C’est sale, ça sent la sueur, les larmes et le sang. C’est une histoire de vengeance tonitruante. Il y a de l’amour, un peu, et de l’humour grinçant, juste comme il faut. 1858, dans le sud des Etats-Unis. Django est un esclave noir plein de rage. Enchaîné à d’autres opprimés, encadré par deux rednecks à cheval, il est en route vers un destin de soumission et d’humiliation. Mais ce même facétieux destin va le faire rencontrer le Dr King Schultz, ancien dentiste allemand devenu chasseur de prime. Un excentrique dandy, parfait dans son contre-emploi de tueur élégant. Schultz vient chercher Django pour une raison bien précise : il est à la poursuite de trois frères recherchés morts ou vifs. Leur mettre la main dessus rapporterait une somme confortable. Or le Docteur ne connait pas leurs visages et il fort probable que les bougres aient changé de nom. Et il se trouve que Django est capable de les identifier. Après quelques négociations « délicates » avec ses maîtres, Schultz embarque Django. Libéré de son joug, il se dresse à nouveau en homme libre. Il est temps pour lui de retrouver sa femme, vendue elle aussi à un blanc des plus vicieux et redoutable : Calvin Candie. Le parcours initiatique de Django va être semé d’embûches, de drôleries et de cadavres de blancs, pour changer.

Le cocktail est tout à fait détonnant. C’est du pur Tarantino dans les règles de l’art. Alors, venons-en au fait. Ca apporte quoi à ceux qui ont vu le film ? Du bonheur de redécouvrir cette histoire épique, ces personnages hors normes, ces situations cocasses qui laissent hilare ou stupéfait. Mais pas seulement, donc. Vous pensez bien que quand Tarantino écrit un scénario, il y a des coupes au montage, des resserrages pour que le format soit bon. L’avantage du comics, c’est que toutes les largeurs et toutes les libertés sont permises. Tarantino est un bonhomme généreux et il y a bien du rab’ à se mettre sous la dent… Django Unchained, ici sur papier, est donc le script original et complet du réalisateur. Ca nous permet d’en savoir plus sur la séparation initiale de Django et sa femme, le parcours de celle-ci avant d’atterrir chez son maître. Des flashbacks qui nourrissent l’histoire et étoffent un peu plus les protagonistes. Que demande le peuple ?! C’est super plaisant à lire ! Et on ne saurait décemment pas passer à côté d’une oeuvre pareille !

